Judaism and Secularization
16/12/2016 | Na stronie od 12/01/2023
Source: SAGE Publishing, Université catholique de Louvain
- Freddy Raphaël and John HickeyView all authors and affiliations
- Volume 18, Issue 3
- First published online November 16, 2016
- https://doi.org/10.1177/003776867101800305
Abstract
Pour étudier les relations entre judaisme et « cité séculière », il faut se placer dans une double perspective. La première est l'interprétation théologique de l'histoire du peuple juif. Elle a des incidences importantes sur les conceptions du temps et de l'espace. Tout le peuple est engagé au service d'une idée im personnelle et il ne s'érige pas en absolu. Le judaisme — re connaissant Dieu pour seul souverain — est essentiellement une « sacralisation » du monde. Ce monde a une réalité tem porelle. Il est temps et histoire.
Le judaïsme est aussi une « sacralisation » du temps, car c'est celle de la rédemption active. C'est quand le peuple suc comba à la tentative du veau d'or qu'il reçut l'ordre d'édifier un tabernacle, symbole de la sainteté de l'espace.
Le judaisme est « sacralisation de l'histoire ». Les événe ments célébrés ne sont pas de simples anniversaires récurrents, mais des étapes dans une maturation et une progression dans l'alliance entre le Créateur et la créature. Dans une telle pers pective, le monde est un chantier où Dieu et l'homme ceuvrent ensemble.
La deuxième perspective est celle du judaïsme comme com munauté historique et sociologique. Trois forces jouent dans le sens d'une sécularisation. D'abord le ghetto, comme évasion et refus de confrontation avec le siècle, c'est-à-dire le refus de coopérer avec Dieu dans la transformation du monde pour hâter l'avènement du Royaume. Ce ghetto signifie, d'une part, le désintérêt du reste de l'humanité et, d'autre part, l'absolu tisation du particularisme.
Ensuite l'intégration dans la société globale est force de sé cularisation, car elle signifie la perte de la relation dialectique entre judaïsme et monde (non-coincidence).
Emancipation et assimilation renforcent la sécularisation, et cela aboutit à la confessionnalisation du judaïsme (réduit à une religion). Le phénomène d'urbanisation joue très fort sur cette forme de sécularisation. Enfin, le nationalisme est aussi une forme de sécularisation. Il s'est produit dans l'histoire par la royauté « pour être comme toutes les nations ». Aujourd'hui il prend aussi la forme du sionisme politique, malgré les avertissements de théoriciens sionistes, tels A. Haarn et M. Buber. La seule façon pour l'Etat d'Israël de ne pas devenir un ghetto hissé au niveau de la modernité est de dépasser la dialectique du politique et du spirituel.
- 1 M. BUBER, Israel and the World, New York, 1948 ; Der Jude und sein Judentum, Köln, 1963.
- 2 A. NEHER, L'Essence du prophétisme, Paris, 1955 ; L'Existence Juive, Paris, 1962 ; L'Exil de la parole, Paris, 1970.
- 3 A. HESCHEL, Les Bâtisseurs du temps, Paris, 1957 ; Dieu en quête de l'homme, Paris, 1968.
- 4 E. LEVINAS, Difficite liberté. Paris, 1963 ; Quatre lectures talmudiques, Paris, 1968.
- 5 P. RICOEUR, « Structure et herméneutique », in Esprit, novembre 1963, pp. 596-627.
- 6 Ibid., p. 612.
- 7 Ibid., p. 612.
- 8 Gerhard VON RAD, Théologie de l'Ancien Testament, Tome I, Genève, 1963, pp. 97-111.
- 9 Franz KAFKA, Le Château, Translated by A. Vialatte, Paris, 1947.
- 10 Max WEBER, Das Antike Judentum, 3rd edit., Tübingen, 1963, p. 328.
- 11 S.W. BARON. Histoire d'Israël, Vol. 1, Paris, 1956, p.12.
- 12 A. NEHER, L'Existence Juive, p. 77.
- 13 Ibid., p. 78.
- 14 A. HESCHEL, Les Bâtisseurs du temps, p. 103.
- 15 A. NEHER, L'Essence du prophétisme, p. 259.
- 16 A. HESCHEL, op. cit., p. 107.
- 17 S.W. BARON, op. cit., p. 5.
- 18 Ibid., p. 7.
- 19 A. NEHER, L'Existence Juive, p. 31.
- 20 Ibid., p. 91.
- 21 C. LÉVI-STRAUSS, « Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss », p. XIX, in Marcel MAUSS, Sociologie et anthropologie, Paris, 1960.
- 22 G. SIMMEL, Soziologie, Untersuchungen über die Formen der Vergesellschaftung, Leipzig, 3rd edit., 1923. « Exkurs über den Fremden », p. 509-512.
- 23 Max WEBER, op. cit., p. 2-6.
- 24 S.W. BARON, op. cit., p. 395.
- 25 R. MISRAHI, La Condition réflexive de l'homme juif. Paris, 1963, p. 30.
- 26 Ibid., p. 31.
- 27 A. MEMMI, La Statue de sel, Nouvelle édition, Paris, 1966.
- 28 R. MISRAHI, op. cit., p. 41.
- 29 H. COHEN, Jüdische Schriften, Vol. II, Berlin, 1924, p. 331.
- 30 A. NEHER, L'Existence Juive, p. 239.
- 31 Ibid., p. 341.
- 32 M. BUBER, Israel and the World, p. 218-219.
- 33 J.L. TALMON, Destin d'Istaël, Paris, 1967, p. 41.
- 34 Ibid., pp. 44-45.
- 35 A. DERCZJANSKY, Introduction à un ouvrage sur la pensée politique du sionisme, to be published in Editions du Seuil.
- 36 Ibid.
- 37 A. NEHER, « L'échec dans la perspective juive », in Les Hommes devant l'échec, Paris, 1968.
- 38 A. DERCZJANSKY, op. cit.